Fin du monde, du mois et… capitalisme. Par Jérôme

Pourquoi notre système économique est incompatible avec la question sociale et la question écologique ? Pourquoi ceux et celles qui se battent pour la fin de leur mois et ceux et celles qui se battent contre la fin du monde, disent avoir les mêmes ennemis ?

Prenons tout d’abord l’exemple de l’écologie. Vous avez vu cette campagne Sign for my future ? La campagne, pilotée par de grands industriels, tente de récolter des signatures pour demander à nos politiques de prendre des mesures ambitieuses pour le climat. La campagne est controversée, notamment sur l’efficacité des mesures proposées. Mais il ne faut pas aller jusqu’à analyser les revendications pour soulever une incohérence profonde entre le discours et les pratiques.

BNP Paribas Fortis, où nous nous trouvons actuellement, a rejoint la campagne et dit s’engager pour l’écologie. Alors que dans le même temps, BNP Paribas Fortis, aux côtés de 3 autres banques a investi l’année dernière encore 13 milliards d’euros dans les énergies fossiles, principal responsable des émissions de gaz à effet de serre. 

BNP Paribas Fortis ne peut pas s’engager réellement dans l’écologie parce que la banque est enfermée dans un système qu’on appelle… le capitalisme. Le capitalisme exige une accumulation de profit toujours plus important que le résultat précédent. C’est le principe de la croissance. Sans croissance, pas de dividende. Si pas de dividende, les actionnaires se barrent et vont investir ailleurs. Ca veut dire investissement chez votre concurrent et donc… votre mort.

Pour créer du profit les industries doivent produire des marchandises ou investir dans ce qui rapporte beaucoup, très vite. Comme les énergies fossiles ou toutes autres saloperies. Que celle-ci soit nuisibles pour les hommes ou l’environnement, c’est pas leur problème. Et enfin, l’exigence de croissance est infinie. Alors que la production et les investissements sont basées sur des ressources (de l’énergie, des matières) limitées. C’est donc fondamentalement incompatible.

C’est exactement la même chose avec la question sociale. BNP, comme tout autre industrie doit user de stratagème pour garder un maximum de profit pour eux et ne pas les redistribuer ni à ses travailleurs, ni à la collectivité.

Exemples :

  • En 2015 : 2 milliards de dividendes sont transférés à la maison mère BNP. Simultanément BNP fait 1000 licenciements en Belgique.
  • Aujourd’hui : BNP annonce la fermeture de 267 agences, près de 2800 emplois sont menacés alors que l’année dernière la banque fait 2 milliard de bénéfices.
  • BNP est aussi un champion de l’évasion fiscale. Donc non seulement ils ne payent que 22% d’impôt au lieu de 33% pour une entreprise normale, mais on estime que 30% de ses bénéfices partent directement chaque année dans les paradis fiscaux.
  • Et enfin pour rappel, en 2008 Fortis avait tellement fait de la merde qu’elle a dû être sauvée avec de l’argent public, notre argent. Ce qui a fait plonger la dette publique de l’Etat et nous a entraîné dans une période d’austérité de laquelle nous ne sommes pas encore sortis.
    L’austérité et l’évasion fiscale : c’est une réduction voir une suppression des allocations de chômages, des plus petites pensions, c’est travailler plus longtemps, c’est remettre des malades au travail plus vite, c’est des hôpitaux bondés, c’est des soins de santé plus chers, c’est moins de moyens pour les plus pauvres ou… pour un plan climat ambitieux.

BNP, mais c’est valable pour toutes les autres grosses industries, s’il voudrait devenir social ou investir dans le durable demain, il mourrait aussitôt. Leur existence est conditionnée par l’exploitation des humains et de l’environnement.

Nombreux sont les acteurs qui dénoncent les conséquences graves de ce système. Mais les politiques ne bougent toujours pas. Alors qu’aujourd’hui ne pas changer de modèle économique, c’est criminel pour le vivant : d’aujourd’hui et de demain.

Alors, en attendant, il y en a qui prennent leurs responsabilités. Et ne sont plus en demande. Mais agissent pour stopper les pratiques des industries directement. Et ces mêmes personnes ont compris que se battre pour la fin du mois ou pour empêcher la fin du monde : c’est avoir les mêmes ennemis. C’est les mêmes ennemis et c’est donc le même combat.

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